Les maths ça sert à quoi????

 

Quatre groupes de personnes répondent à cette question

Une petite minorité (groupe 1) est absolument convaincue que cela ne sert à rien dans la vie de tous les jours et que cela ne sera d’aucune utilité dans l’avenir.

Une autre minorité (groupe 2) pense que cela ne sert qu’à vérifier sa monnaie à la boulangerie.

Une troisième minorité (groupe 3) pense que c’est important pour construire des ponts, des centrales nucléaires, anticiper les phénomènes … À cela le groupe 1 répond volontiers que certes oui, mais que peu de personnes souhaitent construire des ponts ou des centrales nucléaires, et faire de la modélisation économique ou météorologique. Pour leur part, cela ne les concerne pas.

Une quatrième minorité (groupe 4) y voit un intérêt crucial dans la vie de tous les jours, certains sans trop savoir pourquoi d’ailleurs.

Dans ce cas, pourquoi infliger l’apprentissage des mathématiques à tous les élèves ? Nous n’apprenons pas à faire la pâte feuilletée à tous les collégiens, nous réservons cela à ceux qui souhaitent devenir pâtissier… Alors ? À toutes ces minorités, qui ajoutées deviennent la totalité, je propose quelques pistes de réflexions :

Les maths servent à pouvoir apporter des preuves. Très utiles pour justifier une opinion dans la vie de tous les jours. “Je pense ceci car….”, “Mon client est innocent car…”

Les maths servent aussi à :

  • Vérifier sa monnaie à la boulangerie… C’est vrai !
  • Cuisiner (proportionnalité des recettes).
  • Voyager (notion d’échelles, de distances, de vitesse, de temps).
  • Anticiper ses paiements d’impôts.
  • Équilibrer un budget familial.
  • Faire des listes d’arguments qui prouvent l’utilité des maths.
  • Devenir plus intelligent. (est ce vraiment nécessaire?)
  • Perdre moins que les autres au casino.
  • Construire des ponts, des avions, des smartphones…
  • Faire des sondages.
  • Comprendre son banquier et pouvoir négocier…
  • Couper équitablement une tarte  en cinq parts, (pas facile ça !)
  • Préparer le monde de demain : pyramide des âges, démographie…
  • Bricoler (savoir construire un angle droit, connaître les unités, acheter la bonne quantité de peinture).
  • Décrypter des codes secrets ou les inventer.
  • Savoir repérer les faux lancers de 100 piles ou face (probabilité de suites de piles).
  • Comprendre un peu ce qui se passe dans l’univers.
  • Se repérer dans le métro (si, si) !!
  • Construire les tours les plus hautes du monde.
  • Stabiliser la tour de Pise.
  • Prévoir des (fausses) fins du monde avec l’alignement de planètes.
  • Connaitre le poids d’un steak, le prix d’une moto, la vitesse d’un avion, le salaire d’un prof…
  • Créer des algorithmes, organiser, calculer, inventer, prouver que son imagination est fondée ou non…
  • …. Et bien d’autres encore !

Bref, vous avez compris, ça sert à tout, ou presque. Ce n’est en revanche pas très utile en amour sauf à évaluer ses chances de réussite lors d’une rencontre. (Probabilités complexes donc résultat hasardeux.) Disons pour résumer que les mathématiques permettent de mieux comprendre le monde dans lequel on vit. D’y participer, d’être capable d’imaginer des modifications, d’avoir un langage commun avec d’autres habitants très différents de nous.

C’est la définition de la citoyenneté ça, non ?

exemples de maths liés à la santé (médecine)

Suite à la discussion de jeudi

on considère la fonction f définie et dérivable sur [0,5;15] f(t)= 1600/t -600/t^2
1) résoudre f(t)= 800 et f(t)= 1000
2) a)Déterminer la fonction dérivée de f et étudier le signe de f’ sur [0,5;15]
b) Dresser le tableau de variation sur cet intervalle
C) pour quelle valeur de t f est elle maximale?

Partie B
Un patient prend 1200 mg d’un médicament. on admet que cette quantité présente dans le sang du malade au delà de la première demi heure est donnée par f(t) avec t en heures pour 0,5< t< 15 ( ou égale)
1) a) au bout de combien de temps la quantité de médicament présente dans le sang est maximale?
Quel pourcentage de la quantité administrée représente la quantité maximale présente dans le sang
b) pendant combien de temps la quantité de médicament présente dans le sang est supérieure ou égale à 1000 mg?
c) pendant combien de temps la quantité de médicament présente dans le sang est comprise entre 800 et 1000mg?
2) Estimer graphiquement la quantité de médicament présente dans le sang au bout de 2h30
b) vérifier ce résultat par le calcul
3) on estime que ce médicament devient inefficace quand la quantité présente dans le sang est inférieure à 200 mg. par calcul au bout de combien de temps le médicament devient inefficace?

 

un autre corrigé ;-)

Télécharger (exemplecorrigefonction_medecine.pdf)

 

encore du second degré

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le    prof de maths humour vous souhaite une merveilleuse année

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Un mathématicien, un physicien, un informaticien et un littéraire sont devant un problème : montrer que tous les nombres impairs sont premiers.

Le mathématicien dit : « 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier, 9 n’est pas premier, donc ça ne marche pas ».

Le physicien dit : « 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier, donc en première approximation, ça marche ».

L’informaticien dit : « 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier, 9 n’est pas premier, 9 n’est pas premier, 9 n’est pas premier, 9 n’est pas premier,… ».

Le littéraire dit : « C’est quoi, un nombre premier ? ».

Une pluie de météorite le 14 et 15 décembre

Géminides 2015 : belle pluie d’étoiles filantes à observer

On aime admirer les étoiles filantes . Celles de l’été, les Perséides, et aussi celles de l’hiver, les Géminides. Certes, de très nombreux autres essaims viennent brûler dans l’atmosphère tout au long de l’année, mais ces deux là sont les plus emblématiques et les plus facilement observables par tout un chacun car sans besoin d’autre chose que ses yeux. Cette année, comme les Perséides, les Géminides seront idéalement visibles grâce à la quasi absence de Lune. Petits conseils d’observation.
Quand voir les Géminides ?
Les dates, tout d’abord : deux nuits seront particulièrement propices pour apercevoir de nombreuses Géminides : la nuit du 13 au 14 décembre et la suivante : du 14 au 15 décembre. Le nombre de météores prévu devrait être de l’ordre de 120 par heure, soit un toutes les 30 secondes, un taux tout à fait intéressant. Rappelons en outre que cette pluie des Géminides comporte généralement deux pics d’intensité avec la particularité que les météores apparaissant avant le premier pic sont moins brillants que ceux apparaissant après. Cela est dû à la structure complexe du nuage de poussières que la Terre va traverser et qui a été produit par la désagrégation d’un astéroïde dont le plus gros résidu existe toujours et est nommé 3200 Phaeton (voir plus bas). Le premier nuage traversé est constitué de particules plus fines que le second, expliquant la différence de luminosité qu’ils produisent en se consumant dans la haute atmosphère.
Le maximum d’activité est prévu le 14 décembre exactement aux environs de 18h TU (19h heures française). Les météores visibles la première nuit (du 13 au 14) devraient ainsi être un peu moins brillants que ceux visibles la seconde nuit (du 14 au 15), mais leur nombre devrait être similaire dans les 24 heures entourant le maximum.
Où regarder ?
Cette pluie d’étoiles filantes a été nommée pluie des Géminides car son radiant, le point d’où semblent provenir les météores sur la voûte céleste, se situe dans la constellation des Gémeaux (Gemini). Cette constellation est facilement reconnaissable grâce notamment à sa proximité de la constellation d’Orion. Elle forme deux hommes qui se donnent la main, les deux gémeaux de la mythologie, Castor et Pollux, dont les noms ont été donnés aux deux étoiles principales de la constellation et qui sont les étoiles figurant la tête de nos deux frères. Le radiant des Géminides, du 13 au 15 décembre, se trouve presque exactement à la position de Castor (la tête du jumeau le plus en haut dans le ciel).
Ciel le 14 décembre 2015 à 23h

C’est en direction de l’Est-Sud-Est qu’il faudra plutôt regarder. Evitez de regarder en direction du Nord où vous en apercevrez moins. Mais il ne faut pas se focaliser non plus sur le radiant. Observez toutes les constellations faciles à reconnaître qui se trouvent autour de celle des Gémeaux : Le Cocher, son hexagone caractéristique et son étoile très brillante (Capella) vers le zénith, Orion et ses trois étoiles alignées formant son baudrier vers le Sud, ou le Lion vers l’Est.

Comment observer un maximum d’étoiles filantes, que ce soit le 13 décembre ou le 14 décembre ?
Comme vous l’avez compris, après les conditions météorologiques, l’ennemi numéro 2 est la lumière parasite, y compris la lumière de la Lune. Les météores peuvent parfois être très brillants, mais pour la plupart d’entre eux, ils sont tout de même assez faiblement lumineux. Il est donc indispensable de n’avoir aucune lumière artificielle à proximité de votre lieu d’observation, que ce soit des lumières d’habitations, de lampadaires, de voitures, etc… pour que votre œil puisse les distinguer.

Vous devrez d’ailleurs laisser un peu de temps à vos yeux pour s’habituer à l’obscurité, environ 15 à 30 minutes, puis en réduisant au maximum le recours à une lampe (si nécessaire préférez une lampe rouge ou orange plutôt qu’un écran de téléphone blanc/bleuté, qui nécessitera une nouvelle acclimatation à l’obscurité plus longue).

Pour pouvoir attraper un maximum d’étoiles filantes, la position d’observation compte aussi : il est préférable d’avoir le champ de vue la plus vaste possible sur la voûte céleste. Pour cela, dans une zone dégagée (une plaine plutôt qu’un forêt), je vous recommande non pas seulement une bonne chaise longue, mais carrément de vous allonger au sol. En tous cas, ne restez pas debout ni assis en vous tordant le cou, c’est une mauvaise idée, habillez vous très très chaudement (les chaussures comptent aussi!) et allongez vous en position de repos avec pourquoi pas de quoi grignoter, un thermos de café et une petite radio (qui ne fait pas de lumière).

N’hésitez pas à observer entre amis en jouant pourquoi pas à celui qui verra un maximum d’étoiles filantes ou de satellites…. Entre deux météores, vous pourrez observer tranquillement les constellations du ciel d’hiver, et par exemple Orion, où vous pourrez essayer de distinguer à l’oeil nu la grande nébuleuse, située légèrement en dessous des trois étoiles du baudrier. Vous verrez probablement passer des satellites, qu’il ne faut pas confondre avec des météores, les satellites ont un éclat constant et se déplacent à vitesse constante relativement lente durant plusieurs secondes, les météores, eux, sont très rapides et parfois très fugaces…

Si vous souhaitez prendre des photos, préférez l’objectif le plus petit (24 ou 35 mm), avec la plus grande ouverture possible (du genre f/2.8), avec un réglage sur ISO 800 ou plus. Utilisez un trépied et répétez de multiples poses de 30 s ou 1 minute, en espérant que la chance sera de votre côté et que vous capturerez un ou plusieurs bolides multicolores…

Une origine particulière
Les poussières qui sont à l’origine de la pluie des Géminides sont particulières. Elles arrivent dans l’atmosphère terrestre à une vitesse relativement faible : environ 30 km/s. Alors que la plupart des météores sont issus de poussières de comètes, comme les Perséides du mois d’août par exemple, les Géminides, elles, sont des résidus non pas d’une comète, mais d’un astéroïde, que l’on connait bien, qui s’appelle 3200 Phaeton.
L’astéroïde 3200 Phaeton imagé par STEREO en 2012 à son point le plus proche du Soleil, montrant une queue de poussières (NASA/STEREO)
Cet astéroïde a une taille de 5,1 km, et la Terre croise son orbite tous les ans à cette époque de l’année. 3200 Phaeton a une orbite allongée, il passe au plus près du Soleil tous les 1,4 an (à environ 20 millions de km du Soleil). Et en 2009, 2010 et 2012, on a pu observer que 3200 Phaeton se prenait presque pour une comète ! A sa plus faible distance du Soleil, on a pu le voir éjecter des quantités de poussières très importantes, laissant penser que la chaleur du Soleil le fracturait ou du moins produisait comme une sorte de dessèchement de sa surface, avec la production d’une petite queue de matière à la manière d’une comète.
Et 3200 Phaeton semble produire des petites éruptions périodiques également lorsqu’il est plus loin du Soleil dans son trajet orbital, ce qui fournit ces fameux petits grains de poussières que vous verrez brûler dans l’atmosphère très bientôt…
Très bon ciel à toutes et tous (et préparez votre longue liste de vœux peut être verrez vous le p) !

Une recherche sportive

Des maths pour courir plus vite

Par Soline Roy – le 28/05/2014
Des chercheurs français ont élaboré un système d’équations capable de prédire la meilleure stratégie de course possible pour un coureur, en fonction de sa physiologie.

Achille ne rattrapera jamais la tortue, les paradoxes du philosophe grec Zénon d’Élée nous le disent depuis 2500 ans. Mais Achille peut progresser: les équations de deux mathématiciens français lui permettraient d’optimiser sa vitesse et l’énergie dépensée en courant.

Amandine Aftalion ne court pas, elle nage. Et lorsqu’elle nage, la directrice de recherche CNRS au laboratoire de mathématiques de Versailles (université de Versailles-Saint-Quentin) réfléchit. Il y a trois ans, en plein dos crawlé, elle a songé à ses lectures sur la physiologie du sport et a pensé que «les mathématiques devaient pouvoir expliquer la physiologie de l’exercice».

La physique en équations

Joseph Keller, de l’université de New York, avait tâté le terrain dans les années 1970 et défini une course de fond idéale, en trois temps: brusque accélération, vitesse constante pendant la majeure partie de la course, puis décélération finale. Mais Keller et ses successeurs se basaient sur des valeurs moyennes, omettant que vitesse et capacité respiratoire varient lors d’une course.

Avec Frédéric Bonnans, directeur de recherches Inria au centre de mathématiques appliquées (École polytechnique), Amandine Aftalion a donc mis en équations les bases de la physique. Principe numéro un: rien ne se perd, rien ne se crée ; faire la somme des énergies disponibles (oxygène et glucose, pour faire simple) permet donc de savoir ce que l’on peut dépenser. Principe numéro deux, la variation de la vitesse est égale à la somme des forces en présence. «On nomme toutes les variables, on écrit les équations et on calcule», résume la chercheuse.

Varier sa vitesse pour courir longtemps

Son modèle mathématique confirme une réalité bien connue des coureurs: varier (un peu) sa vitesse permet de courir plus longtemps, chaque décélération permettant de restocker un peu d’énergie pour accélérer de plus belle. Ces variations sont inconscientes, mais une prise de mesures tous les 50 ou 100 mètres montre que la vitesse de course oscille, par exemple entre 5,5 et 6,5 mètres par seconde lors d’un 1 500 mètres. Oscillations qui permettent au coureur de garder un peu d’énergie pour mieux finir sa course… ou pour aller plus loin. Selon l’étude bientôt publiée dans le Journal of Applied Mathematics (et déjà disponible sur les archives ouvertes HAL), le gain offert par une variation optimale de la vitesse serait de 0,7 % du temps de course sur 800 mètres. Ces équations font aussi de l’ordinateur un véritable coach sportif, plus performant que les outils d’automesure qui inondent le marché.

Prenez donc la capacité respiratoire (VO2max) et le stock d’énergie anaérobie (due à la transformation des sucres) d’un coureur ; ajoutez-y sa vitesse maximum, ses capacités d’accélération, sa force de propulsion et les forces de frottement auxquelles ses muscles sont soumis. Quelques courses types permettront au logiciel de calculer ces paramètres, propres à chacun. Muni de ces variables (et partant du principe que le coureur… avance!), le système nous indique quelles capacités développer pour cavaler comme un champion, et comment courir au mieux sur une distance donnée. L’ordinateur donnera donc à l’amateur ce qu’un bon coach et l’expérience apportent aux champions. Plus prosaïquement, le sportif saura aussi combien de calories il a exactement dépensées lors de son effort.

Amandine Aftalion admet tout de même que «pour résoudre plusieurs équations en même temps, il faut disposer de techniques de résolution numérique très avancées». Proposer son système aux coureurs du dimanche supposera donc de trouver des partenaires industriels, pour développer un programme capable de tourner sur l’ordinateur d’Achille. Qu’il puisse enfin doubler cette satanée tortue.

 Travaux d’Amandine Aftalion, partiellement en collaboration avec F. Bonnans sur la modélisation mathématique de la physiologie de la performance pour ceux qui veulent en savoir plus un exemple de travaux en Français

Amandine Aftalion

CNRS Research Director

Professor at Ecole Polytechnique

Office 3308 (Building Fermat)
Email amandine.aftalion AT uvsq.fr
Tel +33 1 39 25 46 39  Fax +33 1 39 25 46 45

A partir d’équations mathématiques,  nous avons développé avec  F.Bonnans,  chercheur à l’inria, un modèle qui est  capable de prédire comment doit se dérouler la course optimale, une fois qu’on a décidé de la distance à parcourir. Nous savons calculer à chaque instant, la vitesse que doit avoir le coureur et l’énergie qu’il a dépensé depuis le début de la course. Pour des courses allant du 400m au marathon, nos résultats amènent en particulier à 2 conclusions qui renforcent certaines observations physiologiques :

* le negative split: il vaut mieux courir la 2ème partie de la course plus vite que la première
*il faut varier sa vitesse, ce qui permet de gagner par exemple 0.7% sur 800m. En effet, quand on ralentit, on recrée un peu d’énergie, ce qui permet d’améliorer son temps de course.

Sur les marathons par exemple, les coureurs sont invités à choisir une couleur en fonction de leur temps de course espéré (2h30, 3h, 4h, 5h etc). Cette couleur est associée à un ballon ou lièvre qui va se déplacer à vitesse constante pour arriver à la fin de la course dans le temps escompté. Et pourtant, tout coureur qui a couru un marathon s’est rendu compte qu’il avait envie de varier sa vitesse, en accélérant puis ralentissant. Oui, c’est normal, c’est ainsi que l’organisme arrive à régénérer un peu d’énergie.

Comment arriver à calculer à chaque instant la vitesse et l’énergie disponibles pour un coureur? Cela nécessite un système d’équations différentielles, c’est-à-dire des équations reliant la vitesse (et sa dérivée l’accélération), la force de propulsion, les forces de frottement et l’énergie. Les équations reposent sur le principe fondamental de la dynamique et des bilans d’énergie faisant intervenir notamment VO2max, la consommation maximale d’oxygène du coureur, et les liens de contrôle entre ces variables : par exemple, la recréation d’énergie quand on ralentit. Pour être bien posé, le système est couplé à des conditions initiales (vitesse nulle et énergie donnée au départ) et des contraintes : l’énergie doit rester positive, la force de propulsion aussi (on ne recule pas !) et cette force est bornée par les capacités limitées du coureur ; enfin la dérivée de cette force de propulsion est bornée aussi car les informations ont besoin de temps pour passer du cerveau à la jambe : le coureur ne peut pas instantanément comme un ordinateur, passer d’une force de propulsion maximum à l’arrêt complet. Le travail de modélisation consiste à bien poser ce système. Mathématiquement, nous arrivons à prouver des théorèmes sur le comportement des solutions. En particulier, quand on rajoute un terme de recréation d’énergie due au ralentissement, on se rend compte que cela crée des termes concaves dans le hamiltonien qui sont à l’origine des oscillations de vitesse. Enfin, numériquement, nous sommes capables de résoudre ce système d’équations pour calculer les valeurs de toutes les variables intéressantes pour le coureur et les relier aux mesures physiologiques. Nos simulations numériques nécessitent une programmation complexe et jamais réalisées sur ce type d’exemples. Elles utilisent le logiciel  Bocop ( voir http://bocop.org/ pour les très curieux) , qui nous a permis de résoudre le système d’équations différentielles couplées, sous contraintes, et avec contrôle optimal.

A quoi cela pourrait-il servir ? On se pose souvent la question de : à quoi servent les mathématiques? Les  applications en sont pourtant immenses. Dans le cas de la course à pied, on pourrait, à partir des équations que nous avons établies, imaginer un logiciel qui calcule sur un smart-phone
*la vitesse optimale de course et donne des indications au coureur sur des bases scientifiques
* la dépense énergétique et permet de voir comment elle aurait pu être meilleure. On peut alors savoir exactement le nombre de calories perdues lors d’une course, et pas avec une estimation moyenne comme le font tous les calculs actuels, mais véritablement avec un calcul exact instantané.

A gauche : sur un 1500m, profil de vitesse sans prendre en compte la recréation d’énergie quand  on ralentit (on tient juste compte de la chute du VO2max en fin de course quand la réserve d’énergie anaérobie est trop faible)

A droite : quand on prend en compte la recréation d’énergie en ralentissant, la vitesse oscille.

Record du monde sur 800m, JO Londres 2012 (D.Rudisha): mesures de vitesse moyenne tous les 100m (carrés rouges) en m/sec comparées au calcul moyenné tous les 100m (étoiles bleues).

« En cheminant avec Kakeya », Prix Tangente 2015

« En cheminant avec Kakeya », Prix Tangente 2015

Le « Prix Tangente 2015 » vient d’être décerné à Vincent Borrelli et à Jean-Luc Rullière, pour leur livre « En cheminant avec Kakeya » (ENS éditions) livre qui contient ce qu’il faut pour structurer la pensée de lycéens de terminale ou d’étudiants, pour instiller un peu de piment dans leurs mathématiques, les sortir de la routine… Les inciter à la réflexion, quoi ! :mrgreen:

Pour nous en première avant cette lecture recommandée pour la terminale je vous propose (pour les plus curieux d’entre vous une approche de ce théorème ainsi qu’une vidéo qui vous permettra d’entrevoir une démarche scientifique sous un autre angle (‘et vous fera réviser votre anglais  :lol: et oui … en fait même sans vraiment tout comprendre de l’anglais on comprend l’esprit de la démonstration qui elle est limpide et géniale :idea: . durée 16 min pour les pressés vous pouvez démarrer à la 6 ième car la mise en place ne fait que rappeler quelques propriétés des aires.)

En 1917, le mathématicien japonais Sôichi Kakeya posait une question apparemment anodine :

existe-t-il une plus petite surface (en terme d’aire ) à l’intérieur de laquelle il serait possible de déplacer une aiguille de manière à la retourner complètement ?

La première surface qui vient vraisemblablement à l’esprit est un disque, dont l’aiguille serait un diamètre : en pivotant de 180° autour du centre de ce disque, elle balaie le disque sans jamais en sortir… Et se retourne.

Mais est-ce la plus petite surface ?

Ce n’est qu’en 1928 – 11 ans plus tard – que le mathématicien (russe, celui-là : les mathématiques n’ont pas de frontières) Abram Besicovitch prouva que :

Non : il est possible de retourner une aiguille dans une surface dont l’aire est aussi petite que l’on veut.

Prouva ! Ce n’est pas de la prestidigitation… C’est de la science !!!:lol:

C’est tout le cheminement vers ce théorème de Besicovitch que raconte ce « voyage au cœur des mathématiques » de Vincent Borrelli et Jean-Luc Rullière…

Prenez  le temps de regarder cette vidéo de « Mathologer », qui propose une animation graphique que je trouve merveilleusement claire du « problème de l’aiguille de Kakeya »… En remplaçant l’aiguille par une raclette à vitres (un « squeegee ») qui nettoie parfaitement le terrain :oops: :