Un cadeau de Nicole Ferroni sur les maths et leur philosophie, merci à elle.
Catégorie : 1 S2 curiosités pb de recherche
Des exercices plus “fouillés”, des éléments de culture scientifique , pour les curieux
exos corrigés loi binomiales
Les exos promis lors du dernier cours
Pour les élèves passionnés 1 S
École internationale d’initiation à la recherche en mathématiques et informatique pour lycéens
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Les dossiers de candidature sont à déposer pour le 28 mai. Pour la constitution des dossiers et plus de renseignements
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un jeu trigonométrique
Bons jeux
Le paradoxe de Monty Hall
Le problème de Monty Hall est un célèbre jeu de probabilités qui tire son nom d’une émission télévisée. On le qualifie de paradoxe, car la bonne stratégie à adopter nous semble souvent contre-intuitive.
Des expériences montrent d’ailleurs que même en répétant plusieurs fois le jeu, l’être humain a vraiment du mal à comprendre le truc, alors que le pigeon, lui, s’en sort très bien.
De là à conclure à la supériorité intellectuelle des volatiles, il n’y a qu’un pas !
Le principe du jeu
Le paradoxe de Monty Hall trouve son origine dans le jeu télévisé Let’s Make a Deal, diffusé aux Etats-Unis à partir de 1963. L’animateur Monty Hall y proposait le choix suivant.
Un candidat est présenté face à 3 portes : derrière une seule de ces portes se trouve un cadeau, alors que derrière chacune des deux autres portes se trouve un objet sans intérêt (typiquement : une chèvre).
- Le candidat choisit une de ces 3 portes, mais sans l’ouvrir;
- L’animateur (qui sait où se trouve le cadeau) ouvre une des 2 portes restantes, en prenant soin (si besoin) d’éviter la porte qui contient le cadeau (la porte ouverte par l’animateur révèle donc toujours une chèvre);
- Le candidat a alors le choix entre conserver sa porte initiale, ou changer pour pour prendre l’autre porte restante.
Que doit faire le candidat ? Conserver ou changer ?
Réfléchissez donc 5 minutes…
Une chance sur deux (ou trois)
En faisant un raisonnement rapide, on peut se dire qu’on a le choix entre deux portes, et qu’initialement chaque porte a autant de chance que l’autre de contenir le cadeau. Alors que l’on change ou que l’on conserve sa porte, on gagne avec une chance sur deux.
En réalité ce raisonnement est trompeur, et le vrai résultat est que la probabilité de gagner si on change est de 2/3 contre seulement 1/3 si on conserve sa porte initiale : on a donc toujours intérêt à changer !
On peut passer des heures à essayer de se convaincre de ce résultat. Voici l’argument le plus simple : si vous restez, vous gagnez si vous aviez au départ fait le bon choix (ce qui se produit dans un tiers des cas), si vous changez, vous gagnez si vous aviez fait au départ le mauvais choix (ce qui se produit 2 fois sur 3). Donc changer vous fait gagner dans 2/3 des cas.
Pour les sceptiques, la méthode la plus définitive consiste à dénombrer tous les cas, voire à faire une simulation numérique (on raconte que le mathématicien Erdös dû faire cette simulation pour se laisser convaincre du résultat). Pour les sceptiques n’aimant pas les méthodes de physicien, la solution avec des probabilités bayésiennes.
Un problème pour pigeons ?
Pour quelqu’un qui découvre le jeu, une manière de trouver la bonne tactique, c’est de jouer une centaine de parties. On peut penser que si vous êtes un peu observateur, vous allez finir par comprendre que changer est en moyenne plus intéressant que rester.
D’ailleurs le pigeon lui fait ça très bien. C’est l’expérience qu’ont réalisé deux chercheurs en psychologie du Whitman College dans l’état de Washington (*). Ils ont soumis plusieurs volatiles à une version répétée du problème Monty Hall (où le cadeau c’est de la bouffe, car le pigeon est basique).
Ils ont alors observé qu’après plusieurs centaines d’essais, le pigeon a parfaitement compris que la bonne stratégie c’est de changer. Au début de l’expérience ils changent de porte dans 36% des cas, alors qu’à la fin de l’expérience (qui dure plusieurs jours), ils changent dans 96% des cas !
Homme VS Pigeon
Là où ça devient inquiétant, c’est qu’en soumettant des humains à la même version répétée du problème, ils ont observé que l’homme ne semble pas très enclin à apprendre de ses erreurs : après 200 essais les humains ne changent que dans 66% des cas. Le pigeon bat l’homme sans problèmes !
Il faut croire que dans cette situation, l’homme est pollué par son propre (mauvais) raisonnement, et continue de penser que changer ou pas, ça ne fait pas de différence.
En attendant, le pigeon, lui, se gave…
L’article :
(*) Walter T. Herbranson and Julia Schroeder, Are Birds Smarter Than Mathematicians? Pigeons (Columba livia) Perform Optimally on a Version of the Monty Hall Dilemma, Journal of Comparative Psychology (2010), Vol. 124, No. 1, 1–13.
Vous pouvez y lire en détail la manière dont on peut faire jouer un pigeon au problème de Monty hall avec des portes, des lumières et de la nourriture.
d’après un article de sciences étonnantes
Un voyage à L.A.
Los Angeles, California
Institute For Figuring
This hands-on math museum believes in turning concepts into constructs
In Chinatown right near the 110 freeway exit from N. Hill Street.
Une chanson dérivative en version anglaise intégrale….
Pour la section Euro en particulier
Les délires avec les pourcentages (ou l’on est bien informé…)
les spécialistes spéciaux des journaux
Un autre délire de spécialiste
Et si l’on parlait politique (une ex ministre de l’enseignement supérieur….)
histoire de la mise en place du mètre
Une histoire du mètre issue en grande partie du livre référence de Ken Alder “mesurer le monde”
Merci à Arte pour l’autorisation de diffusion à titre d’enseignement
Les maths ça sert à quoi????
Quatre groupes de personnes répondent à cette question
Une petite minorité (groupe 1) est absolument convaincue que cela ne sert à rien dans la vie de tous les jours et que cela ne sera d’aucune utilité dans l’avenir.
Une autre minorité (groupe 2) pense que cela ne sert qu’à vérifier sa monnaie à la boulangerie.
Une troisième minorité (groupe 3) pense que c’est important pour construire des ponts, des centrales nucléaires, anticiper les phénomènes … À cela le groupe 1 répond volontiers que certes oui, mais que peu de personnes souhaitent construire des ponts ou des centrales nucléaires, et faire de la modélisation économique ou météorologique. Pour leur part, cela ne les concerne pas.
Une quatrième minorité (groupe 4) y voit un intérêt crucial dans la vie de tous les jours, certains sans trop savoir pourquoi d’ailleurs.
Dans ce cas, pourquoi infliger l’apprentissage des mathématiques à tous les élèves ? Nous n’apprenons pas à faire la pâte feuilletée à tous les collégiens, nous réservons cela à ceux qui souhaitent devenir pâtissier… Alors ? À toutes ces minorités, qui ajoutées deviennent la totalité, je propose quelques pistes de réflexions :
Les maths servent à pouvoir apporter des preuves. Très utiles pour justifier une opinion dans la vie de tous les jours. “Je pense ceci car….”, “Mon client est innocent car…”
Les maths servent aussi à :
- Vérifier sa monnaie à la boulangerie… C’est vrai !
- Cuisiner (proportionnalité des recettes).
- Voyager (notion d’échelles, de distances, de vitesse, de temps).
- Anticiper ses paiements d’impôts.
- Équilibrer un budget familial.
- Faire des listes d’arguments qui prouvent l’utilité des maths.
- Devenir plus intelligent. (est ce vraiment nécessaire?)
- Perdre moins que les autres au casino.
- Construire des ponts, des avions, des smartphones…
- Faire des sondages.
- Comprendre son banquier et pouvoir négocier…
- Couper équitablement une tarte en cinq parts, (pas facile ça !)
- Préparer le monde de demain : pyramide des âges, démographie…
- Bricoler (savoir construire un angle droit, connaître les unités, acheter la bonne quantité de peinture).
- Décrypter des codes secrets ou les inventer.
- Savoir repérer les faux lancers de 100 piles ou face (probabilité de suites de piles).
- Comprendre un peu ce qui se passe dans l’univers.
- Se repérer dans le métro (si, si) !!
- Construire les tours les plus hautes du monde.
- Stabiliser la tour de Pise.
- Prévoir des (fausses) fins du monde avec l’alignement de planètes.
- Connaitre le poids d’un steak, le prix d’une moto, la vitesse d’un avion, le salaire d’un prof…
- Créer des algorithmes, organiser, calculer, inventer, prouver que son imagination est fondée ou non…
- …. Et bien d’autres encore !
Bref, vous avez compris, ça sert à tout, ou presque. Ce n’est en revanche pas très utile en amour sauf à évaluer ses chances de réussite lors d’une rencontre. (Probabilités complexes donc résultat hasardeux.) Disons pour résumer que les mathématiques permettent de mieux comprendre le monde dans lequel on vit. D’y participer, d’être capable d’imaginer des modifications, d’avoir un langage commun avec d’autres habitants très différents de nous.
C’est la définition de la citoyenneté ça, non ?